Enfant, Jérôme Prieur s’enchante de ces figurines de peu de prix, minuscules cadeaux publicitaires ensevelis au fond de boîtes de café et qu’il fallait peindre, tant l’affaire était grave, avec la patience d’un funambule. Elles racontaient l’histoire de la Première Guerre mondiale, en étaient les personnages — hommes illustres ou petits soldats : fantassins, artilleurs, zouaves, mitrailleurs ou grenadiers, Clemenceau ou Gallieni. Il s’enchante aussi de planches de dictionnaires, de pages de journaux qui composent à elles seules toute une bibliothèque. Il s’enchante de livres. Comment vient une passion ? C’est la question que pose Jérôme Prieur en se remémorant, avec le souci de l’archéologue, ces heures enfantines restées vives. La mémoire emprunte alors, par mille tours et détours, des chemins secrets et mystérieux pour enfin traverser l’écran du passé et laisser voir que le sentier de la guerre ne mène pas toujours au champ de bataille.

En page intérieure : photographie de Jean-Michel Fauquet.

Du même auteur aux Éditions La Pionnière :

« Guerre éclair » : voir ici.
« Babylone 1900 » : voir ici.
« Chez Proust en tournant » : voir ici.
« Tous les objets sont des sphinx » : voir ici.